Guerre réelle et cyberguerre en direct sur Internet

Communiqués officiels

Ministères des affaires étrangères pour source d’informations officielles sur le conflit

Le Ministère des affaires étrangères de Géorgie communique pour ainsi dire heure par heure, en anglais, de la situation dans son pays actuellement envahi par les forces militaires russes. De son côté, le Ministre des affaires étrangères russe communique en russe, les traductions en d’autres langues suivent, dont l’anglais, le français arrivant avec un jour de retard (est-ce fait exprès du fait du rôle de la France dans les pourparlers actuels, sachant que le français n’en reste pas moins une langue diplomatique, ou bien est-ce tout simplement lié au fait que la francophonie a perdu de son aura d’antan ?), affirmant que la Russie intervient pour protéger ses soldats et ressortissants dans la région. Il est tout à fait intéressant de lire les communiqués des deux pays en guerre, ceux-ci relatant des informations tout à fait différente.

Communication officielle de la Georgie

La Géorgie communique exclusivement sur le conflit, sur la base de communiqués relatant les batailles et attaques russes sur son territoire, en donnant moult détails quant aux forces russes participant à ces offensives, dont noms des vaisseaux, quantités de troupes et types d’armées russes, en omettant de parler de l’armée géorgienne. La Georgie fait des accusations systématiques envers les agissements des forces militaires russes envers sa population civile, et en appelle à la communauté internationale pour l’aider à faire appliquer un cesser le feu immédiat.

Communication officielle de la Russie

La Russie est plus laconique, les informations relatives au conflit apparaissent au milieu d’autres communiqués, insistant sur ses objectifs de protection de ses forces militaires déjà en place et expliquant dans un but manifestement dissuasif qu’elle répond aux agressions des poches de résistance par leur destruction définitive, toujours dans un but sécuritaire. Aucun détail des forces mises en jeu dans ce conflit n’est indiqué. Cependant, la Russie vient d’indiquer, suite à l’entretien avec le président français Nicolas Sarkozy, que les objectifs de sécurisation ayant été atteints, l’armée géorgienne en déroute, elle a cessé les opérations militaires.

Cyberguerre en cours

Internet dans la région

Mais ce conflit militaire touche aussi le cyberespace, les sites gouvernementaux de l’Ossétie du Sud auraient été victimes d’attaques de type déni de service (DoS), et la Géorgie subit elle aussi des attaques similaires.

Pour son accès à Internet, la Géorgie dépend de la Russie, d’où viennent les attaques, selon les experts, et de la Turquie, une nouvelle connexion devait être déployée courant septembre pour relier la Géorgie à la Bulgarie via un câble sous-marin passant au fond de la Mer noire avec l’aide des États-Unis.

Soutiens techniques étrangers

Est-ce un hasard ? Le Ministère des affaires étrangères de Géorgie est hébergé sur un serveur web situé en Estonie qui, manifestement, exploite son expérience passée pour aider cette autre ancienne république de l’ex Union soviétique. Rappelez-vous, j’avais évoqué les soupçons portés par les experts à l’égard des militaires russes concernant la vague d’attaques contre des sites gouvernementaux estoniens en mai 2007, ce qui en ferait alors la toute première cyber-guerre de l’Histoire.

Toujours est-il qu’en plus de son site officiel, la Géorgie publie des informations sur un blog ouvert chez Google, et les communiqués officiels sont par ailleurs relayés sur le site du Président de la république polonais.

Types des cyberattaques

En plus des attaques par déni de service, plus faciles à réaliser qu’à filtrer, ou de sabotages de sites avec de la propagande, comme la défiguration du site web de la Banque nationale de Géorgie, on ignore actuellement si la faille du protocole DNS qui a fait couler tant d’encre cet été, a été exploitée dans cette cyberguerre. Exploiter cette faille permettrait en effet à un tiers de rediriger le trafic à destination d’un site web vers un serveur tiers. Imaginer l’intérêt stratégique de pouvoir prendre l’apparence des institutions officielles de son ennemi !

Conclusion

D’un point de vue Internet et de la sécurité informatique à l’échelle d’un pays, ce conflit est très intéressant à suivre. C’est en effet l’une des toutes premières fois de l’Histoire qu’un pays s’attaquerait directement aux cyber-installations de son adversaire, en plus d’offensives militaires armées. Gageons que les gouvernements s’inspireront de cette expérience en cours malheureuse pour mieux protéger le « réseau des réseaux » contre des actes de cybercriminalité et de cyber-conflits militaires.

Enfin, pour suivre le drame qui se déroule en ce moment à quelques heures d’avion de chez nous, je vous invite à consulter le dossier spécial du Figaro ou encore celui de Libération.

3 réflexions sur « Guerre réelle et cyberguerre en direct sur Internet »

  1. bruno bichetbruno bichet

    Ca change de mon humour à deux cents… c’est sûr.

    La question à trois cents, maintenant, c’est de savoir si mes lointaines origines polonaises me rapprochent de la Géorgie…

    Vaste question existentielle à laquelle je n’ai aucune réponse pour le moment ^^

  2. MartinMartin Auteur de l’article

    En tous les cas, je te remercie pour ton article, car mine de rien, il m’a incité à creuser davantage de ce côté-là ! :-D

  3. Ping : Shadow Botnet : 150.000 ordinateurs infectés par un ver se propageant via la massagerie instantanée Windows Live Messenger

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