Avec l’avènement du web 2.0 naissent des légendes. Parmi celles-ci, la fameuse longue traîne, à savoir l’idée selon laquelle la somme de l’immense majorité des produits ou services très peu demandés peut représenter la majeure partie d’un marché, et que grâce à Internet qui permet de réduire les coûts de la distribution de ces produits ou services, son exploitation commerciale peut être rentable.
Certains développeurs et entrepreneurs web ont alors tenté d’appliquer ce modèle aux blogs, voire aux réseaux sociaux, tentant de réaliser des services sur mesure destinés à exploiter cette longue traîne. Le problème de ces services web par milliers est que le coût de leur développement, qu’ils aient mille ou un million d’utilisateurs, reste sensiblement similaire. Alors que des milliers de développeurs se sont rués dans une frénésie irrationnelle digne de la fièvre d’or sur l’API de Facebook et attendent avec impatience l’API de MySpace à venir, toutes deux leur permettant de proposer aux utilisateurs de ce réseau social des widgets, ces gadgets logiciels que les membres du réseau peuvent installer sur leur page personnelle, le modèle économique de ces logiciels reste toujours à trouver, des milliers de concurrents se partageant un marché où seuls quelques uns, et encore, cela reste à démontrer, peuvent tirer leur épingle du jeu.
Dans ces conditions, et même si elle reste très incomplète, du fait de l’absence remarquée des API de Facebook et MySpace, justement, la nouvelle API OpenSocial pourrait réduire les coûts de développement des widgets et autres services proposés par les développeurs aux utilisateurs de réseaux sociaux. En effet, cette nouvelle API offre l’interopérabilité entre les divers réseaux sociaux supportés. En somme, les développeurs n’ont qu’à développer qu’une unique application à base d’OpenSocial, leur application sera, en principe, fonctionnelle sur l’ensemble des réseaux sociaux supportés, alors que jusqu’ici, les développeurs devaient soit écrire une couche logicielle intermédiaire propriétaire, soit écrire une nouvelle application pour chaque réseau social. La nouvelle API se complète aussi par un hébergement sur les serveurs de Google permettant aux développeurs de faire face à un hypothétique (et fort improbable) succès rapide qui aurait pu plier sous la charge leurs propres serveurs web.
Mais le principal défaut des widgets à destination des réseaux sociaux reste le modèle économique tout à fait improbable. En effet, si les éditeurs des services sociaux permettent à leurs utilisateurs d’intégrer ces services tiers à leurs pages, la monétisation de ces services est difficile. D’une part, l’affichage des publicités destinées à financer ces services tiers est très réglementé (les réseaux sociaux voient d’un mauvais œil que des publicités concurrentes s’affichent sur leurs propres pages), d’autre part, les utilisateurs Internet étant habitués au tout gratuit, il est difficile d’imaginer une monétisation par abonnement.
Éventuellement, pourrait-on espérer des widgets directement sponsorisés par une marque qui les ferait faire sur mesure par des développeurs indépendants dans le but d’accroître leur notoriété sur le plan technologique et leur visibilité auprès d’un large public d’Internautes passionnés par un service web utile, en rapport ou non avec leur corps de métier initial. Cependant, même si les widgets publicitaires, de plus en plus populaires auprès des annonceurs cherchant à se démarquer et supporté par des régies telles que Google AdWords via des services tels que Google Gadgets, modèle est loin d’avoir fait ses preuves.
Mais les réseaux sociaux ouvrent-ils réellement leurs services aux développeurs tiers pour permettre à ces derniers de gagner de l’argent ? Compte tenu que les réseaux sociaux gratuits n’ont pour la plupart pas trouvé d’équilibre entre leurs dépenses et leurs recettes, il est peu probable qu’ils permettent à des tiers de s’en sortir mieux qu’eux-mêmes. En revanche, depuis l’ouverture de leurs API, les éditeurs de ces réseaux sociaux gagnent en valeur auprès des investisseurs qui y voient une manne potentielle formidable. Encore faudrait-il que le potentiel devienne réalité, et il est fort à parier que la réalité économique de ces réseaux et des services tiers qui les complètent se fera attendre…
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