Que l’on apprécie ou non Daniel Schneidermann, une qualité que l’on se doit de lui reconnaître, c’est qu’il maîtrise l’art de la communication. Remarquez, c’est le moins que l’on puisse attendre du principal instigateur de l’émission Arrêt sur Images consacrée à la critique de la télévision et qu’il présentait depuis douze ans sur une chaîne de télévision du service public français. Depuis juin, annonce de l’arrêt de l’émission, le journaliste et son équipe se sont afférés à multiplier les actions de communication tout en préparant la suite. C’est fait, Arrêt sur Images a bel et bien un site web dédié.
Mais au-delà de la polémique et de l’intérêt ou de l’engouement pour l’émission ou le site, c’est le modèle économique qu’il est intéressant d’analyser. En effet, le nouveau site d’Arrêt sur Images sera essentiellement basé sur les abonnements des Internautes. Plusieurs formules sont ainsi retenues :
- abonnement annuel (12 mois) pour 30 € ;
- abonnement « période d’essai » de 3 mois pour 10 € ;
- abonnement « étudiant, chômeur et précaire » (sans justificatifs demandés) annuel (12 mois) pour 12 € ;
- abonnement de « soutien » de 40 € ou plus (à la discrétion du sponsor) ;
- abonnement « ami radin » gratuit, sur motivation écrite et sous condition d’acceptation du dossier par l’équipe, seule souveraine pour accepter ou refuser les candidatures.
Certes, forts des 200.000 signatures de la pétition en faveur du maintien de l’émission de télévision sur les chaînes du service public, l’équipe a décidé que le financement du site avec les abonnements était le plus pertinent des modèles étudiés et que la publicité ne serait pas retenue pour financer le fonctionnement du site. Cette décision semble audacieuse à plus d’un titre.
En effet, les utilisateurs Internet ont l’habitude du tout gratuit. Bonne ou mauvaise chose, bien peu d’utilisateurs payent aujourd’hui l’accès à l’information. Ainsi, la plupart des sites d’information en ligne s’appuient sur un modèle économique basé sur des revenus publicitaires. Par ailleurs, de nombreux médias mixtes, à savoir disponibles autant sous forme papier qu’électronique, proposent des formules d’abonnement permettant de consulter leurs archives, et l’accès gratuit aux articles les plus récents financé par la publicité. Ces médias classiques peuvent cependant s’appuyer sur des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de lecteurs papier payants, en plus des seuls Internautes, comme base de clients potentiels.
Dans le domaine de sites web de journalistes bien connus de la télévision, le blog de Jean-Marc Morandini est en accès libre, financé par la publicité exclusivement. Ce blog est composé essentiellement d’images et de textes et permet une large participation des lecteurs. Karl Zéro, quant à lui, multiplie les sites de vidéo : Le web 2 Zéro, Le JT 2 Zéro, L’hebdo 2 Zéro, ainsi que les partenariats avec les FAI et les médias classiques pour en assurer la diffusion, la promotion ou la monétisation. Quant à LaTéléLibre.fr, gravitant autour de John Paul Lepers, elle cherche encore son modèle économique.
Quoi qu’il en soit, Arrêt sur Images débute la diffusion de ses contenus payants début 2008. Il sera alors intéressant de suivre le succès commercial de l’émission sur la base des abonnements, fort peu répandus auprès des Internautes. Car de ce succès commercial dépendra le succès de l’émission. A suivre, donc.
Mise à jour du 14 septembre 2007 à 11h30 : Arrêt sur Images aurait atteint le cap de 3.000 abonnés à l’année rien que dans l’après-midi d’hier, jour du lancement.Mise à jour du 16 septembre 2007 à 03:30 : Le cap de 5.000 abonnés aurait été franchi dès le vendredi 14 septembre à 8h04, si l’on se fie à l’article de David Abiker.
Ping : Arrêt sur Images se sent espionnée