Le contenu est roi
En matière de référencement, et plus particulier dans le cadre du référencement naturel (ou SEO), le contenu est roi. Et je ne cesse de le dire à mes clients ou appliquer cette règle à mes propres sites : pour être bien placé dans les résultats des moteurs de recherche, il faut disposer de contenu, et plus précisément de contenu textuel, avec une préférence pour un contenu de qualité et en quantité. En effet, les moteurs de recherche favorisent dans leurs résultats de recherche les pages au contenu en rapport avec la requête effectuée par l’Internaute, en privilégiant le contenu original (donc unique) et de qualité (à savoir apportant une valeur ajoutée répondant à l’attente de l’Internaute). Ceci est aussi vrai pour les pages à promouvoir (votre site ou celui de votre client) que pour les pages tierces (celles où figurent les liens pointant vers le site à promouvoir).
Or, je me heurte toujours au même problème : la production de contenu coûte cher. Oui, d’accord, mais combien ?
Coût du travail
Un contenu de qualité apprécié des moteurs de recherche se fait nécessairement manuellement. Aussi, pour calculer le coût du contenu, nous devons connaître le coût horaire d’un rédacteur web, ainsi que le temps passé à rédiger le document.
En France, le salaire annuel brut moyen d’un rédacteur web est de 31.000 €. Mais ce n’est qu’une partie du coût salarial que représente un tel poste. En effet, en France, le coût salarial est composé de trois éléments :
- le salaire net : ce que perçoit le salarié sur son compte en banque (en fait, au salaire net sont encore retranchées des cotisations sociales, mais passons) ;
- les charges sociales salariales : additionnées au salaire net, elles composent le salaire brut ;
- les charges sociales patronales : additionnées au salaire brut, elles composent le coût salarial.
Il en résulte que pour un salaire de 31.000 € bruts annuels, le coût salarial pour l’employeur est de 45.000 € par an.
De plus, alors qu’on le paye à l’année, le rédacteur web, lui, ne travaille pas 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ni même 365 jours par an. En effet, en France, la durée légale du travail est de 151 heures par mois. De plus, les salariés ont droit à 5 semaines de congés par an. À ce qui reste, il faut encore retrancher une douzaine de jours fériés par an. Il en résulte qu’en France, le temps de travail moyen est de 1.559 heures par an.
Au final, avec un coût salarial de 45.000 € par an et 1.559 heures travaillées, le coût salarial d’un rédacteur web est de 28,86 € de l’heure.
Notez bien qu’il existe d’autres coûts que le coût salarial : encadrement, amortissements (du matériel informatique, des logiciels, du mobilier, etc.), location ou amortissement du local, consommation d’électricité, d’eau, formation continue, etc. De plus, il faut qu’un commercial négocie les contrats liés à la rédaction, qu’un chef de projet encadre le projet, etc. Si le rédacteur travaille seul en indépendant, ces coûts sont autant d’heures passées non facturées aux clients. En conséquence, il n’est pas rare de voir que le coût salarial ne représente que la moitié du coût global d’un travail.
Cela implique le le coût du travail d’un rédacteur web pouvant aller jusqu’à 57,73 € de l’heure.
Production du contenu
La production d’un document optimisé pour du référencement naturel implique plusieurs étapes, en commençant par :
- la documentation globale à la mission composée d’un ou plusieurs articles à rédiger (habituellement entre 15 minutes et 4 heures) : cela implique notamment l’identification des thématiques à couvrir, du champ lexical à mettre en avant, des pages cibles à promouvoir ;
à quoi s’ajoutent les étapes spécifiques à chaque article :
- la documentation spécifique à l’article rédigé (habituellement entre 15 minutes et 2 heures) : définition précise de la thématique à couvrir dans l’article, définition du champ lexical (mots-clés primaires et secondaires), recherche et lecture des sources d’information de référence ;
- la rédaction du contenu à proprement parler (habituellement entre 30 minutes et 2 heures) : rédiger l’article dans un français correct, dont titre, introduction, inter-titres si besoin, paragraphes à placer en exergue, liens optimisés sur les mots-clés principaux et secondaires, idéalement entre 250 et 500 mots pour le corps principal de l’article ;
- la relecture du contenu (entre 5 et 15 minutes) : vérifier les informations fournies, corriger les fautes de français, vérifier les liens.
Cela nous fait une durée initiale à la mission de 30 minutes à 4 heures pour préparer une série d’articles, à laquelle nous ajoutons 50 minutes à 4 heures 15 minutes par article.
Coût de production de contenu rédactionnel
Nous avons vu précédemment que le coût horaire d’un rédacteur web variait entre 28,86 € (coût salarial) et 57,73 € (coût du travail maximum, tous frais compris). Nous avons vu par ailleurs qu’il fallait 30 minutes à 4 heures de préparation à un projet de production de contenu, auxquels il faut ajouter 30 minutes à 4 heures 15 par article fourni.
Il en résulte que la production d’un article de contenu optimisé pour du référencement naturel revient entre 31,27 € et 476,27 € selon les cas. Ci-dessous figure une capture d’écran d’une feuille de tableur que j’utilise pour estimer le coût de mes missions de rédaction web intégrées ou non à des missions de référencement naturel au sein de mon agence web :
Correctif : Dans l’image ci-dessus, il faut lire « Durée globale de la mission (semaines ; 35 h / semaine) » à la place de « Durée globale de la mission (mois ; 35 h / mois) ». Merci à niko de Little Star d’avoir repéré cette coquille. (Comme quoi, il y en a au moins un qui a lu l’article, en plus de ma maman !)
Enfin, pour vous donner un ordre de grandeur, tout compris, le présent article aura nécessité quelque 3 heures 45 de rédaction, à savoir qu’il représente un coût de production entre 108,23 € et 216,45 €. Quant à savoir s’il vaut ce prix… c’est à vous de juger ! Qu’en dites vous ?
Crédit image : senivpetro, licence CC BY-SA 4.0
Hello,
Nous consommons tellement de lectures de blog (intéressant) qu’il est difficile d’estimer la lecture de cette page pour environ 200 €. Sinon, bon article :)
C’est à cause de ces tarifs (cher mais justes) que la rédaction offshore (Madagascar par exemple) a le vent en poupe (je n’ai jamais travaillé en offshore, je ne peux donc pas me prononcer sur la qualité du travail fourni).
Je comprend mieux pourquoi le modèle d’associated content et wikio expert marche si bien.
Excellent article
Quand je vois que certain magazine parle de site à 40 euro, ce n’est pas mal de rappeler la valeur des choses.
Il ne manque plus qu’à calculer le coût de chaque lecture d’article maintenant.
Je rejoins de fait Christophe sur le offshore, malheureusement si j’ose dire.
@Yep : Promis, je n’envisage pas de faire payer 200 € par lecture de l’article, hi hi. Ceci dit, même si ce n’est pas le but du présent article, pour être intéressant financièrement, encore faudrait-il que j’en fasse la promotion auprès des webmasters tiers, afin de les inciter, gentiment, d’en parler sur leurs sites en insérant un joli lien. Une autre voie à envisager est celle de l’auto-promotion visant à promouvoir soi-même le contenu produit sur d’autres sites, tels les relais de communiqués de presse. Un prochain article à paraître (bientôt ?) abordera aussi ce thème.
@Christophe : En effet, la rédaction offshore a le vent en poupe, certains sites produisant des milliers de pages par mois sur des sites tiers afin d’y insérer du contenu optimisé pour du référencement naturel liant le site principal en vue d’en améliorer le référencement. C’est notamment le cas dans le domaine des voyages, où le contenu ne concurrence en rien la vente de billets, ce qui incite les voyagistes à produire du contenu pour pas cher afin de promouvoir leurs services.
@kultissim : Wikio agrège du contenu rédigé par d’autres. Et tant que Google ne verra pas ce site comme un moteur de recherche concurrent (un jour, ça risque de se produire), il continuera à apparaître bien placé dans les résultats de recherche. Mais ça va plus loin, puisque Wikio et Over Blog ont annoncé leur fusion. Le corps de métier d’Over Blog est l’hébergement et la monétisation de contenu. Cette nouvelle association est d’autant plus complémentaire que Wikio apporte eBuzzing, et Over Blog est épaulé par la régie publicitaire de TF1. Dans tous les cas, l’une des parties les plus onéreuses à produire, le contenu, est déporté auprès de tiers : les blogueurs qui, eux, le produisent gratuitement…
@truffo : Certains journalistes oublient qu’avant de fournir des chiffres, il faut pouvoir citer des sources un tant soit peu fiables et vérifiables. N’est-ce pas l’une des différences essentielles entre un journaliste et un blogueur ? ;)
@Keeg : Le coût de l’article ? Dans les 5 à 10 minutes, certainement, donc de l’ordre de 5 à 20 €, selon si l’on lit en diagonale, que l’on commente, que l’on relaye l’information sur un service social ou un autre. C’est le prix d’une veille sur le web. Parfois, on tombe sur du contenu intéressant, parfois, sur un contenu qui l’est moins, mais avant de lire, on peut difficilement prévoir, à moins de compter sur les autres pour faire le tri en amont (et c’est ce qui passe bien souvent, notamment en visitant du contenu lié depuis twitter et facebook).
Note à moi-même : @Martin, abandonne donc ce design pourri au profit d’un vrai thème digne de ce nom qui permet, notamment, de répondre aux commentaires de manière hiérarchisée !
Mince, j’ai voulu poster hier, tout a planté!
J’espère être plus en verve aujourd’hui : très bon article, donne des repères fiables, une estimation assez juste, et une bonne base pour retravailler certain devis.
@Martin sans oublier Wikio Expert qui leur permet de générer du contenu à moindre coût: http://www.wikio-experts.com/.
Et en bonus une interview de Pierre Chappaz et Frédérique Montagnon qui permet de mieux comprendre ce qu’est wikio group http://frenchweb.fr/pierre-chappaz-frederic-montagnon-presentent-wikio-group-15184/
@kultissim : Merci pour ces liens.
Concernant Wikio Experts, je ne trouve pas d’information précise concernant la rémunération des auteurs du contenu fourni. Je me suis inscrit sur le site, et je vois apparaître des contenus variant entre 2,5 et 7,5 € pièce. Il est aussi question de trois formes de rémunération : rémunération à la pièce (fixe), rémunération à la pièce avec partage de revenus durant 12 mois, et enfin rémunération en partage de revenus. Cependant, les montants et les taux ne sont pas communiqués.
Bref, quitte à nager en pleine incertitude, vus les tarifs, autant opter pour Google Knol. En effet, autant la répartition de la rémunération AdSense n’est pas contractuelle, autant les comptes et les annonces de Google montrent que l’éditeur perçoit 70 % du montant payé par l’annonceur.
Article fort intéressant!! Qui devrait intéresser beaucoup de professionnels …
Bravo pour l’article.
Cela me rappelle les longues discussions dans les rédactions des journaux pour lesquels j’ai travaillé : combien coûte un article.
Cela m’amène à dire que, malgré votre approche (respectable), le calcul du coût d’une production rédactionnelle reste très subjective. Car ce coût devrait en théorie (et pour chaque billet) tenir compte de la difficulté du sujet traité, du niveau de vocabulaire choisi pour le traitement du sujet, du temps d’écriture, mais aussi de l’expertise du rédacteur, de l’image de l’agence qui l’emploie (le client paye une sorte d’assurance d’un travail bien fait), etc.
Bref, passionnant mais complexe.
@Erick : Il y a erreur. Le coût de production du billet dépend du salaire du rédacteur, des frais annexes à son travail, ainsi que du temps passé. Il ne dépend absolument pas de « difficulté du sujet traité, du niveau de vocabulaire choisi pour le traitement du sujet » (le temps d’écriture, lui, est pris en compte par le présent article), ni même « de l’expertise du rédacteur, de l’image de l’agence qui l’emploie ».
En revanche, le prix de vente d’un article, lui, dépend de ces facteurs. Cependant, je n’ai pas abordé le prix de vente de l’article produit, qui dépend d’un autre facteur très largement plus important de ce que vous indiquez : le prix que le client est prêt à payer (et ça, c’est le marché de l’offre et de la demande qui le régule, dans une économie libérale), ainsi que le commercial qui le négocie.
Pas mal mais il manque des éléments fondamentaux à votre analyse : gestion des validations et des corrections, iconographie minimale, temps passé en ITW (tél ou visuel)…
En tout cas c’est bien qu’on se préocuppe de valoriser ce travail !
Bravo pour cela
@Sandinisto : Je ne pense pas avoir omis d’« éléments fondamentaux ». En effet, la « gestion des validations » est intégrée dans la « relecture » mentionnée dans l’article. Pour l’« iconographie minimale », le terme « minimale » implique « aucune », donc elle est prise en compte, n’est-ce pas ? Plus sérieusement, l’ajout d’éventuelles images n’est pas explicité en tant que tel. Celui-ci fait partie, dans mon esprit, soit de la préparation de l’article (la partie documentation), soit de sa rédaction, soit des deux. Pour ce qui est des entrevues, là encore, je pense que cela est intégré à la documentation.
Ceci étant dit, cet article n’est en effet pas exhaustif, pour ce qui est des diverses étapes de rédaction, et ne les énumère pas toutes. Et pour cause : cet article se focalise essentiellement sur la production de contenu optimisé pour du référencement naturel auprès des moteurs de recherche. Or, pour ce qui est des images, notamment, leur choix est utile, puisqu’il améliore l’ergonomie, la fameuse « expérience utilisateur » comme disent nos amis anglo saxons, mais l’intégration ou non d’une image au sein d’un article ne semble pas avoir d’impact essentiel au positionnement d’un contenu dans les résultats de recherche ; je ne connais pas littérature qui en détermine l’impact, cela dit. Pour autant, cet aspect ne doit pas être omis, puisqu’il amène bel et bien une valeur ajoutée au contenu, tout comme les interviews, particulièrement chères à réaliser, mais tout à fait essentielles, dans une certaine mesure, pour donner vie ou de la crédibilité à une suite d’articles.
Bref, j’ai l’impression que vos reproches se focalisent sur l’absence de détail ou l’emploi d’un vocabulaire inadapté de ma part. Cela ne me paraît pas si « fondamental » que vous semblez le croire. Mais je me trompe peut-être. Après tout, j’ai effectivement vu des chaînes de production beaucoup plus détaillées chez certains fournisseurs de contenu qui avaient une organisation industrielle, afin d’en produire à la chaîne.
D’autres avis à ce sujet ?
D’abord, ce ne sont pas du tout des reproches ! Désolé si ma formulation trop rapide vous a laissé cette impression !
Au delà d’une problématique lexicale, il apparait de vos commentaires qu’effectivement nos approches ne sont pas les mêmes… Journaliste de formation et responsable d’une agence de production éditoriale pour le web, mon approche de la « confection » d’un contenu textuel, avant tout conforme aux souhaits du client, implique une mise en oeuvre quasi « artisanale » totalement incompatible avec des processus de production standardisés.
Ce qui rend de fait sa rentabilité extrêmement difficile à évaluer. 2000 signes à écrire peuvent prendre de 20 minutes à 2 jours (en cas de reportage ou de process de validation étendus…)
Ping : Le petit journal du Web — Novembre 2010
Ping : Rédaction Web, Combien ca coute vraiment ? | KubX
Merci pour cet article riche en contenu et en informations! Il faut dire que j´ai l´impression que les tarifs dans la redac web sont un peu différents. Il faut du contenu rapide, en grande quantité et ce pour un coût qui n´approche pas les 31€ à 268€ de votre recap´. Beaucoup de redacteurs web ne font pas ces tarifs car la concurrence est bien rude et qu´à moins d´une bonne réputation, faire payer 30€ par article peut parfois sembler suicidaire!
@Arthur : Cela dépend de la manière de référencer son site web. Actuellement, à savoir depuis 2011, Google insiste de plus en plus sur la qualité des contenus. Aussi, les sites présentant du contenu à faible valeur ajoutée sont déclassés. Ainsi, les fermes de contenus sont tombés. Panda étant renouvelé tous les mois, c’est chaque mois de nouveaux sites qui sont pénalisés pour qualité médiocre.
Cela va plus loin encore, depuis le 19 février 2012. En effet, depuis cette date, de très nombreux réseaux de blogs privés, diffusant des articles à gogo, ont disparu des résultats de recherche, dans la version US du moteur. Nul doute que la même chose arrivera aussi en France dans les mois à venir. Panda a mis six mois, donc attendons-nous à voir l’arrivée de cette pénalité des réseaux de splogs dès août.
Notons que ces réseaux de splogs ou blogs privés qui tombent comme des mouches incluent aussi des blogs non liés entre eux, utilisant juste du content spinning propre, un même article étant déployé sur une petite portion du réseau. Cela implique donc un progrès d’analyse important de la part de Google en matière de sémantique et du sens des contenus mis en ligne, à la manière de Google Actualités, mais au niveau du web en général.
Par ailleurs, Google pénalise d’autant plus les sites ayant la fâcheuse tendance à abuser d’échanges de liens en tous genres, pas juste de liens A/B. La pénalité des sur-optimisations Google est officiellement annoncée depuis plusieurs semaines déjà.
En ce qui me concerne, je note que les sites que j’édite à forte valeur ajoutée rédactionnelle montent depuis début février, et en particulier depuis les 20-25 mars, où il y a un progrès fulgurant. La raison semble être exclusivement liée à la disparition ou au déclassement des résultats de recherche de sites sur-optimisés sans valeur ajoutée véritable pour le lecteur. Des MFA en pagaille sans grand intérêt. Des sites faits de manière industrielle, en quantité, sans qualité. Tout le contraire des consignes de Google. Et tout le contraire de la démarche que tu sembles soutenir.
Je reste convaincu qu’à moyen et long terme, une démarche qualitative, plutôt que quantitative, est la meilleure. Et plutôt que de chercher des contenus à 15 € pièce produits dans un français approximatif à l’étranger, voire du charabia automatique diffusés sur des centaines ou milliers de splogs, profils de forums ou digg-like, mieux vaut consacrer un budget rédactionnel digne de ce nom, et se concentrer sur une diffusion auprès de sites faisant autorité dans le domaine, quitte à les créer de toutes pièces proprement.
Mais ce n’est que mon avis…
Moi qui cherchais les tarifs d’un redacteur Web j’en ai eu la réponse ! Merci pour cette article très intéressant et très bien construit.
Je te suis sur Twitter depuis très peu, j’apprécie la lecture de ton blog pour une fois qu’un blog traite des sujets que j’aime et qui n’est pas pollué de Pub à tire-larigot !
Vous n’avez pas compté les stagiaires exploités. Ils produisent à eux seul beaucoup de contenu web. Sinon intérressant :)