Je me suis inscrit à un forum pour webmasters en herbe tout à l’heure. Un forum francophone dont la technologie semble être d’origine anglophone. Évidemment, comme beaucoup, « gender » a été traduit par « genre » et non comme il aurait fallu par « sexe ». Dans les paramètres d’un jeu vidéo installé récemment, un paramètre permettait d’afficher une bordure pour réduire l’espace d’affichage du jeu et ainsi en améliorer la fluidité. Le terme anglais « border » a été bêtement traduit, car hors contexte, par « frontière ».
Une autre traduction peu maligne est celle des règles des titres de la documentation de WordPress à qui je remets le Prix du traducteur automatique pour leur bêtise sans limite, en matière de traduction :
Les titres pour les nouvelles pages doivent commencer par des Majuscules à Chaque Mot.
es titres doivent suivre également les règles de Dr. Grammar concernant la mise en majuscules : « Dans les titres, mettre en majuscule la première lettre du premier mot, du dernier et tous les autres mots à l’exception des articles (un, le,…), les préposition de moins de 5 lettres et les conjonctions de coordination. Cette règle s’applique aux titres longs et courts aussi bien pour vos travaux partiels que pour vos publications » (Anson, Schwegler, and Muth. the Longman Writer’s Companion 240)
Je m’étonne que « Dr. Grammar » n’a pas été traduit en « Dr Grammaire » comme cela aurait pu être fait. En effet, les règles de la documentation française de WordPress sont… d’écrire en respectant les règles anglaises !
Enfin, pour insister qu’outre le contexte et la connaissance de la langue, la culture doit elle aussi être prise en compte lors d’une traduction, voici une question issue d’un récent sondage auquel j’ai répondu récemment (et comme tout sondage, je réponds comme il se doit de manière totalement farfelue) :
En France, on demande plutôt le niveau d’études, et pas la durée d’éducation. En effet, cela n’a aucun sens de demander si quelqu’un a quadruplé sa classe de cours élémentaire. Cela a d’autant moins de sens que quand on tient compte du fait que contrairement à d’autres pays, l’école maternelle est considérée comme étant l’école, en France.
Non, vraiment, traduire est un métier difficile qu’il ne faut surtout pas laisser entre les mains de n’importe qui, sous peine de ne pas se faire comprendre…
Cela me rappelle une anecdote, lorsqu’un jour, deux chauffeurs russes, ne parlant… que russe, débarquèrent à l’usine. Je fus particulièrement fier de mon idée lorsque je les emmenais sur mon PC, pour (tenter) de traduire en ligne de grandes idées telles que « vous venez d’où ? », « vous allez chez quel client ? », et autres amabilités d’usage. J’ai sévèrement déchanté quand je me suis aperçu qu’ils ne comprenaient rien à mes jolis textes traduits, malgré les tentatives désespérées pour tenter d’utiliser des mots SIMPLES que n’importe quel dictionnaire, fut il pourri, eu compris, et qu’en retour, les réponses qu’ils écrivaient et traduisaient du russe vers le français n’avaient ni queue ni tête.
Mon amour propre, et ma confiance en la technologie, ont été rudement rudoyés ce jour là.
Je m’amuse souvent, moi aussi (…m’amuse, quand je ne suis pas obligé de le faire, pour comprendre la phrase) à retraduire en anglais mot à mot, et ensuite le remettre en bon français, pour retrouver le sens de la phrase.
Une ‘bonne’ (?) technique que j’utilise lorsque je me sers de traducteur type « traduction en ligne », est de faire une double traduction : Français > langue étrangère (que de préférence je maitrise un minimum), puis langue étrangère > français.
… Le fait que cette double traduction soit réussie ne signifie pas à coup sûr que les termes employés sont corrects, mais à l’inverse, si cela ne passe pas la double traduction, il y a de bonne chance que l’idée de la phrase initiale ai été perdue lors de la traduction (reformulation obligatoire !)
Jouons un peu :
(sur reverso.net)
la phrase « Quel est votre niveau d’études ? » devient « What is your level of studies? », et redevient « Quel est votre niveau d’études ? ». Bon, ça passe.
…J’avais en tête me souvenir que Reverso, à défaut d’être le meilleur, était le moins mauvais. Que cela ne tienne, deuxième test, avec le premier résultat renvoyé par Google : tr.voila.fr/traduction_voila.php?.
et voilà le résultat :
« Quel est votre niveau d’étude ? » devient l’incorrect « What is as level of studies? », ce qui se retraduit de manière catastrophique par : « Qu’est-ce qui est comme le niveau d’études ? ». Bel échec, cette fois ci !
Je ne recule devant aucun sacrifice, et continue donc sur translate.google.fr :
« Quel est votre niveau d’études ? » devient « What is your level of studies? », et redevient « Quel est votre niveau d’étude ? ». Presque parfait, mais pas de ‘s’ à études. On notera cependant l’avantageux bouton PERMUTER, qui facilite la ‘retraduction’…
Hors concours : http://www.lexilogos.com/traduction_multilingue.htm, qui répertorie plusieurs traducteurs en lignes sur sa page (Reverso, Google, Yahoo Babel Fish, Wordlingo, freetranslation, et j’en passe).
Conclusion : Ne faites pas confiance aux traducteurs automatiques ! (même si c’est bien pratique pour avoir une idée de la phrase). Il est indispensable d’être capable de re-valider son discours par la maitrise de la langue.
Et deux autres histoires drôles issues de la préparation de dossiers de candidature pour des financements de programmes de recherche : le premier à l’occasion d’un paragraphe relatif à la Renaissance (la période historique bien entendu…) devenue « Rebirth » dans la totalité des logiciels de traduction automatique. La deuxième presque plus drôle encore, mais dans le même contexte : il s’agit cette fois de la communauté des traiteurs d’images (une espèce particulière d’informaticiens…) devenue delicatessen, à cause des traiteurs pâtissiers ou charcutiers, je suppose. Bref, depuis nous utilisons les services d’un traducteur humain et professionnel.