Vous le savez sans nul doute déjà, en particulier si vous êtes un habitué de ce blog, Arrêt sur images est un site de « décrypate des médias », tel qu’il se présente lui-même, dédié à l’analyse du traitement de l’information par les médias. De son côté, Nicolas Princen est chargé de la veille Internet de l’Elysée, à savoir, pour beaucoup, « la taupe de l’Elysée sur le Web. » Voici pour le contexte.
Dans La gazette d’@rrêt sur images n° 28, on peut lire ceci, ce qui me fait personnellement sursauter :
Quelques abonnés, sur nos forums, se sont émus de l’arrivée d’un nouvel abonné pas tout à fait comme les autres, Nicolas Princen, le conseiller chargé par Sarkozy de surveiller l’Internet (et notamment ce que dit l’Internet du président). Il a souscrit un abonnement, sous son nom. Nous l’avons remarqué. Par transparence, nous l’avons dit immédiatement (4). Que les inquiets pour notre liberté se rassurent : nous allons veiller à donner de la lecture, beaucoup de lecture, à Nicolas Princen. Pour commencer, il peut visionner notre émission de cette semaine, qui revient sur la saga de la commission Copé, avec des producteurs qui en étaient membres. Espoirs, revirements, incohérences : les oreilles du patron de Nicolas Princen vont siffler.
En effet, les forums de discussion du site sont privés et accessibles sur abonnement (payant). Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi les responsables du forum dévoilent publiquement la liste de leurs membres, ou plutôt l’abonnement d’un membre en particulier, et ce même si cet abonnement n’est probablement pas souscrit à titre privé (quoi que ? a-t-il souscrit en payant de sa propre poche, ou bien en utilisant l’une des fameuses cartes bancaires de l’Elysée ?)
Ce procédé me choque. En effet, ne devrait-on pas s’insurger de ce genre d’agissements au même titre que d’autres s’insurgent de l’accès aux fichiers des bibliothèques par les autorités étatsuniennes sous prétexte du Patriot Act ? L’éditeur d’un site web ne doit-il pas veiller à garder les informations personnelles des visiteurs et des membres strictement confidentielles lorsque celles-ci ne sont pas publiquement accessibles sur le site de par son fonctionnement ? Quelle est l’étape suivante ? Dénoncer publiquement les policiers, gendarmes, militaires et fonctionnaires abonnés au site sous prétexte de transparence ?
Toute la difficulté entre le « droit à l’information », le « droit à la vie privée », le « devoir de réserve », et enfin « le devoir d’information ».
Dans TOUS les cas, il se feront / feraient taper dessus :
1) ils ne divulguent rien, quelqu’un s’en aperçoit, ils sont alors taxé de partialité, ou pire, de liaison (dangereuse) avec le pouvoir.
2) Il le divulguent (ce qu’il ont donc fait), donc mettent à mal la règle du devoir de réserve (puisque ce sont des forums privés).
J’aurais PERSONNELLEMENT fait la même chose, pour ces raisons. Choix que je ne justifierais pas par « c’est le meilleur », mais « c’est le moins mauvais » :
1) la meilleur défense, c’est l’attaque : en diffusant clairement que ce conseiller de l’Elysée était inscrit a) ils se font de la (bonne ?) pub, b) ils maitrisent la communication, c) ils passent pour des « gentils qui ne sont pas à la solde du pouvoir », etc.
2) risquer une divulgation non contrôlé a) aurait pu mettre à mal leur crédibilité, qui n’est plus à prouver pour les anciens téléspectateurs dont je suis, mais qui n’est pas forcément acquise pour tout le monde. b) ne permet qu’une « contre attaque », toujours nettement moins efficace en terme de crédibilisation (on nous cache des choses…)
3) Enfin, vis à vis de la vie privée de ce conseiller, étant « homme publique », il subi les conséquence d’une « vie publique ».
Sa vie privée, dès qu’elle pourrait avoir des conséquences pour sa vie publique, n’est plus vraiment privée.
Or nous sommes parfaitement dans cette situation, où, bien qu’inscrit à titre privé, il peut tout à fait utiliser son « abonnement » pour une utilisation dans sa vie « publique ».
Donc comme je le disais, ce n’est pas le meilleur choix, mais à mon avis le moins mauvais !
… Une solution (là encore, la moins mauvaise), serai un contrôle par le peuple, ou à défaut ses élus, pour empêcher/contrôler le risque de dérive.
L’exemple du Patriot Act en un. Certains le considère comme une dérive, d’autre comme une avancée contre le terrorisme. Qui a raison ? Question de point de vue.
.D’où le besoin d’un contrôle par le peuple (et/ou les élus, et/ou les autorités judiciaires ou assimilées) sus cité.